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Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 2, Amyot, 1846.djvu/220

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culte, tandis que les protestants réduisent le leur à la parole : ni les uns ni les autres ne veulent écouter le Christ qui, la croix à la main, rassemblant des deux bouts de la terre ses troupeaux égarés, crie du haut de la chaire de Saint-Pierre : « Venez à moi, vous tous qui avez le cœur pur, qui avez des oreilles pour entendre et des yeux pour voir !… »

L’Empereur, aidé de ses armées de soldats et d’artistes, aura beau s’évertuer, il n’investira jamais l’Église grecque d’une puissance que Dieu ne lui a pas donnée : on peut la rendre persécutrice, on ne la rendra point apostolique, c’est-à-dire civilisatrice, et conquérante dans le monde moral : discipliner des hommes, ce n’est pas convertir les âmes. Cette Église politique et nationale n’a ni la vie morale ni la vie surnaturelle. Tout vient à manquer à qui manque d’indépendance. Le schisme, en séparant le prêtre de son chef indépendant, le met aussitôt dans la main de son chef temporel ; ainsi la révolte est punie par l’esclavage. Il faudrait douter de Dieu si l’instrument de l’oppression devenait celui de la délivrance[1].

Aux époques les plus sanglantes de l’histoire, l’Église catholique travaillait encore à émanciper les nations : le prêtre adultère vendait le Dieu du ciel

  1. Voyez le livre des vicissitudes de l’Église catholique des deux rites, écrit en allemand par un prêtre de l’Oratoire, et traduit par M. le comte de Montalembert. Paris, 1843.