Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 2, Amyot, 1846.djvu/235

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potisme. Les caractères qu’un tel gouvernement n’abrutit pas se fortifient..

Je suis rentré pour vous écrire ; c’est ce que je fais presque tous les jours ; néanmoins il se passera bien du temps avant que vous receviez ces lettres, vu que je les cache comme des plans de conspiration, en attendant que je puisse vous les envoyer sûrement, chose si difficile que je crains d’être obligé de vous les porter moi-même.


(Suite de la lettre précédente.)
Ce 30 juillet 1839.

Hier, en finissant d’écrire, je me suis mis à relire quelques traductions des poésies de Pouschkin : elles m’ont confirmé dans l’opinion qu’une première lecture m’avait donnée de lui. Cet homme a emprunté une partie de ses couleurs à la nouvelle école poétique de l’Europe occidentale. Ce n’est pas qu’il ait adopté les opinions antireligieuses de lord Byron, les idées sociales de nos poëtes ni la philosophie des poëtes allemands ; mais il a pris leur manière de peindre. Je ne vois donc pas encore en lui un vrai poëte moscovite. Le polonais Mickiewicz me paraît bien plus slave, quoiqu’il ait subi comme Pouschkin l’influence des littératures de l’Occident.