Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 2, Amyot, 1846.djvu/246

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traillades de Lyon, et… honte éternelle au zèle des bourreaux révolutionnaires !  ! les promesses trompeuses des mitrailleurs pour engager celles des victimes qui vivaient encore, après la première décharge de mousqueterie, à se relever ; les noyades de Nantes surnommées par Carrier les mariages républicains, et bien d’autres atrocités que les historiens n’ont pas même recueillies, pourraient servir à prouver que la férocité humaine n’est qu’endormie chez les nations les plus civilisées ; pourtant il y a une différence entre la cruauté méthodique, froide et persistante des mougiks et la frénésie passagère des Français. Ceux-ci, pendant la guerre qu’ils faisaient à Dieu et à l’humanité, n’étaient pas dans leur état naturel : la mode du sang avait changé leur caractère, et l’inconséquence des passions présidait à leurs actes ; car jamais ils ne furent moins libres qu’à l’époque où tout se faisait chez eux au nom de la liberté. Vous allez voir au contraire les Russes s’entr’égorger sans démentir leur caractère ; c’est un devoir qu’ils accomplissent.

Chez ce peuple obéissant l’influence des institutions sociales est si grande dans toutes les classes, l’éducation involontaire des habitudes domine à tel point les caractères, que les derniers emportements de la vengeance y paraissent encore réglés par une certaine discipline. Là, le meurtre calculé s’exécute en cadence ; des hommes donnent la mort à d’autres