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Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 2, Amyot, 1846.djvu/256

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voyez le pavillon flotter sur la cabane de mon frère de lait. »

Les paysans russes s’absentent souvent par permission afin d’aller exercer leurs forces et leur industrie dans quelques villes voisines, et jusqu’à Saint-Pétersbourg ; ils paient alors une redevance au maître, et ce qu’ils gagnent au delà est à eux. Quand un de ces serfs voyageurs revient chez sa femme, on voit s’élever sur leur cabane un pin en manière de mât et une oriflamme s’agite et brille au plus haut de l’arbre du retour, afin qu’à ce signe d’allégresse les habitants du hameau et ceux des villages voisins partagent la joie de l’épouse.

C’est d’après cet usage antique qu’on venait d’arborer la banderole sur le faîte de la chaumière des Pacôme. La vieille Élisabeth, mère de Fedor, avait été la nourrice de Xenie.

« Il est donc revenu cette nuit, ton garnement de frère de lait ? reprit Telenef.

— Ah ! j’en suis bien aise, s’écria Xenie.

— Un mauvais sujet de plus dans le canton, répliqua Telenef ; nous n’en avons pas assez. »

Et la figure de l’intendant, habituellement mélancolique, prit une expression plus rébarbative.

« Il serait facile de le rendre bon, répliqua Xenie, mais vous ne voulez pas exercer votre pouvoir.