Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 2, Amyot, 1846.djvu/26

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

natiques et nous ont rendus positivement misérables ? »

Quoi qu’il en puisse être de cet avenir américain tant promis à l’Europe, je ne saurais assez vous faire admirer la fête du palais Michel. Admirez donc de toutes vos forces, et ce que je vous décris et ce que je ne puis vous peindre.

Avant l’heure du souper l’Impératrice, assise sous son dais de verdure exotique, me fit signe de m’approcher d’elle : à peine avais-je obéi que l’Empereur vint près du bassin magique, dont la gerbe d’eau jaillissante nous éclairait de ses diamants en nous rafraîchissant de ses émanations embaumées. Il me prit par la main pour me mener à quelques pas du fauteuil de sa femme, et là il voulut bien causer avec moi plus d’un quart d’heure sur des choses intéressantes ; car ce prince ne vous parle pas comme beaucoup d’autres princes, seulement pour qu’on voie qu’il vous parle.

Il me dit d’abord quelques mots sur la belle ordonnance de la fête. Je lui répondis « qu’avec une vie aussi active que la sienne, je m’étonnais qu’il pût trouver du temps pour tout, et même pour partager les plaisirs de la foule.

— Heureusement, reprit-il, que la machine administrative est fort simple dans mon pays : car avec des distances qui rendent tout difficile, si la forme du