se laisser voir. Le saisissement qui troublait les sens de sa sœur le força de se montrer et de s’approcher d’elle pour la secourir. Mais celle-ci retrouva bien tôt l’énergie que le danger réveille dans les âmes fortes,
« De grands événements se préparent ; explique moi ce mystère : Fedor, qu’y a-t-il ?
— Il y a que les Russes sont libres et qu’ils se vengent ; mais hâtez-vous de me suivre, reprit-il en la forçant d’avancer.
— Ils se vengent ?… mais sur qui donc ?… je n’ai fait de mal à personne, moi.
— C’est vrai, vous êtes un ange… pourtant j’ai peur que dans le premier moment on ne fasse grâce à qui que ce soit. Les insensés ! ! ils ne voient que des ennemis dans nos anciens maîtres et dans toute leur race ; l’heure du carnage est arrivée : fuyons. Si vous n’entendez pas le tocsin, c’est qu’on a défendu de sonner les cloches, parce que le glas pourrait avertir nos ennemis ; d’ailleurs il ne retentit pas assez loin ; on a décidé que les dernières lueurs du soleil du soir seraient le signal de l’incendie des châteaux et du massacre de tous leurs habitants.
— Ah !…tu me fais frémir ! »
Fedor reprit, tout en forçant la jeune fille à presser le pas, « J’étais nommé pour marcher avec les plus jeunes et les plus braves sur la ville de***, où