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Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 2, Amyot, 1846.djvu/283

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un peu plus loin il y a des forces considérables ; on s’est trop pressé, nous serons écrasés.

— Ouida !… et la justice de Dieu, donc ; et la volonté de l’Empereur !  ! Blanc-bec, ne sais-tu pas d’ailleurs qu’il n’est plus temps de reculer ? Après ce qui vient de se passer, il faut vaincre ou mourir… Écoute-moi donc, au lieu de détourner ainsi la tête… Nous avons mis tout à feu et à sang, m’entends-tu bien ? Après un tel carnage, plus de pardon possible. La ville est morte ; on dirait qu’on s’y est battu huit jours. Quand nous nous y mettons, nous autres, nous allons vite en besogne… Tu n’as pas l’air content de notre triomphe ?

— Je n’aime pas qu’on tue des femmes.

— Il faut savoir se débarrasser du mauvais sang une fois pour toutes. »

Fedor garde le silence. Basile poursuit tranquillement son discours qu’il n’a interrompu que pour avaler des gorgées de thé.

« Tu as l’air bien triste, mon fils ? »

Fedor continue de se taire.

« C’est pourtant ton fol amour pour la fille de Telenef, de notre mortel ennemi, qui t’a perdu.

— Moi, de l’amour pour ma sœur de lait ! y pensez-vous ? j’ai de l’amitié pour elle, sans doute, mais…