Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 2, Amyot, 1846.djvu/327

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vous ne lui demanderez pas afin d’éviter de vous instruire de ce que vous avez intérêt d’apprendre.

Il résulte de ce cérémonial oriental que, pour ne point passer votre temps à faire le métier de demander des permissions, vous renoncez à voir bien des choses : premier avantage !… Ou si votre curiosité est assez robuste pour vous faire persister à importuner les gens, vous serez au moins surveillé de si près dans vos perquisitions qu’elles n’aboutiront à rien, vous ne communiquerez qu’officiellement avec les chefs des établissements soi-disant publics, et l’on ne vous laissera d’autre liberté que celle d’exprimer devant l’autorité légitime votre admiration commandée par la politesse, par la prudence et par une reconnaissance dont les Russes sont fort jaloux. On ne vous refuse rien, mais on vous accompagne partout : la politesse devient ici un moyen de surveillance.

Voilà comme on vous tyrannise sous prétexte de vous faire honneur. Tel est le sort des voyageurs privilégiés. Quant aux voyageurs non protégés, ils ne voient rien du tout. Ce pays est organisé de façon que sans l’intervention immédiate des agents de l’autorité, nul étranger ne peut le parcourir agréablement ni même sûrement. Vous reconnaissez, j’espère, les mœurs et la politique de l’Orient déguisées sous l’urbanité européenne….. Cette alliance de l’Orient et de l’Occident, dont on retrouve les conséquences à