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Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 2, Amyot, 1846.djvu/340

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Après l’émeute du 13 décembre, M. de la Ferronnays s’écriait : Je viens de voir Pierre le Grand civilisé ; mot qui avait de la portée, parce qu’il avait de la vérité ; en voyant ce même homme dans sa cour développer ses idées de régénération nationale avec une persévérance infatigable, et cela sans faste, sans bruit, sans violence, on peut s’écrier à plus juste titre encore : c’est Pierre le Grand qui revient pour réparer le mal fait par Pierre l’aveugle.

En cherchant à juger ce prince avec toute l’impartialité dont je suis capable, j’ai trouvé en lui tant de choses dignes d’éloges que je ne permets pas qu’on me parle de ce qui pourrait me troubler dans mon admiration.

Les pauvres souverains sont comme les statues : on les examine avec une si minutieuse attention que leurs moindres défauts magnifiés par la critique font oublier les mérites les plus rares et les plus réels. Mais plus j’admire l’Empereur Nicolas, plus vous me trouverez injuste peut-être envers le Czar Pierre. Cependant j’apprécie de mon mieux les efforts de volonté qu’il a faits pour tirer d’un marais gelé pendant huit mois de l’année, une ville telle que Pétersbourg. Mais si j’ai le malheur d’apercevoir quelques-uns de ces misérables pastiches dont sa passion pour l’architecture classique, partagée par ses successeurs, a doté la Russie, mes sens et mon goût révoltés me font