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Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 2, Amyot, 1846.djvu/347

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Un jardin d’hiver occupait tout un côté de l’édifice : cette magnifique serre chaude est vide dans la saison où nous sommes ; je la crois négligée en toutes saisons. C’est de la vieille élégance dépourvue de la majesté que le temps imprime sur ce qui est antique ; de vieux lustres prouvent qu’on a donné là des fêtes, qu’on y a dansé, qu’on y a soupé. Je crois que le dernier bal qu’a vu et que verra la Tauride a eu lieu pour le mariage de la grande-duchesse Hélène, femme du grand-duc Michel.

Il y a dans un coin une Vénus de Médicis, qu’on dit vraiment antique ; vous savez que ce type a été souvent reproduit par les Romains.

Cette statue est placée sur un piédestal et l’on y lit l’inscription suivante écrite en russe :

PRÉSENT DU PAPE CLÉMENT XI, à L’EMPEREUR PIERRE Ier.
1717 ou 1719.

Cette Vénus, envoyée à un prince schismatique par un pape, et dans le costume que vous connaissez, est sans contredit un singulier présent….. Le Czar qui méditait depuis longtemps le projet d’éterniser le schisme en usurpant les dernières libertés de l’Église russe, a dû sourire à cette marque de bienveillance de l’évêque de Rome[1].

  1. Voyez tome III, la lettre vingt-troisième, et rappelez-vous aussi les sentiments affectés par le Czar qui, à plusieurs époques de son