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Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 2, Amyot, 1846.djvu/369

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choux aigres et de vieux cuir gras qu’exhalent les villageois et les villages russes.

Un magnifique étalon attaché à un poteau absorbait l’attention de plusieurs hommes occupés à le ferrer, non sans peine. Ces hommes étaient munis de cordes pour garrotter le fougueux animal, de morceaux de laine pour lui couvrir les yeux, de caveçon et de torche-nez pour le mater. Cette superbe bête appartient, m’a-t-on dit, au haras du seigneur voisin ; dans la même enceinte, au fond du hangar, un paysan monté sur une voiture fort petite, comme toutes les charrettes russes, entasse dans un grenier du foin non bottelé, et qu’il enlève par fourchetées afin de l’élever au-dessus de sa tête ; un autre homme s’en empare et va le serrer sous le toit. Huit personnes environ restent occupées autour du cheval : tous ces hommes ont une taille, un costume et une physionomie remarquables. Cependant la population des provinces attenantes à la capitale n’est pas belle, elle n’est même pas russe, étant fort mêlée d’hommes de race finoise et qui ressemblent aux Lapons.

On dit que dans l’intérieur de l’Empire je retrouverai les types des statues grecques dont j’ai déjà remarqué quelques modèles à Saint-Pétersbourg, où les seigneurs élégants se font servir par des hommes nés dans leurs domaines lointains. Une salle basse et peu spacieuse est attenante à ce prodigieux hangar ;