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Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 2, Amyot, 1846.djvu/373

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des individus : les Russes prennent assez de soin de leurs personnes ; à la vérité, leurs bains de vapeur nous paraissent dégoûtants ; ce sont des émanations d’eau chaude : j’aimerais mieux l’eau pure à grands flots ; cependant ce brouillard bouillant lave le corps et le fortifie, tout en ridant la peau prématurément. Toutefois, grâce à l’usage de ces bains, on voit souvent des paysans qui ont la barbe et les cheveux nets, tandis qu’on n’en peut dire autant de leurs habits. Des vêtements chauds coûtent cher : on est forcé de les porter longtemps ; et ils paraissent sales bien avant d’être usés ; des chambres où l’on ne pense qu’à se garantir du froid sont nécessairement moins aérées que ne le sont les logements des hommes du Midi. En général, la saleté des gens du Nord, toujours renfermée, est plus repoussante et plus pro fonde que celle des peuples qui vivent au soleil : l’air qui purifie manque aux Russes pendant neuf mois de l’année.

Dans certaines contrées les hommes qui travaillent portent sur la tête une casquette de drap bleu foncé en forme de ballon. Cette coiffure ressemble à celle des bonzes : ils ont plusieurs autres manières de se couvrir la tête : toutes ces toques et tous ces bonnets de formes diverses sont assez agréables à l’ail. Que de goût, en comparaison de la négligence prétentieuse des gens du peuple aux environs de Paris !