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Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 2, Amyot, 1846.djvu/374

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Lorsqu’ils travaillent nu-tête, ils seraient gênés par leurs longs cheveux ; pour remédier à cet inconvénient ils s’avisent de se couronner d’un diadème[1], c’est-à-dire qu’ils se nouent un ruban, une ficelle, un roseau, un jonc, une lanière de cuir autour de la tête ; ce diadème grossier, mais toujours attaché avec soin, leur coupe le front et lisse leurs cheveux ; il sied aux jeunes gens, et comme les hommes de cette race ont en général la tête ovale et d’une jolie forme, ils se sont fait une parure d’une coiffure de travail.

Mais que vous dirai-je des femmes ? Jusqu’ici celles que j’ai aperçues m’ont paru repoussantes. J’espérais, dans cette excursion, rencontrer quelques belles villageoises. Mais c’est ici comme à Pétersbourg, elles ont de grosses tailles courtes, et elles se mettent la ceinture aux épaules un peu au-dessus de la gorge, qui continue de s’étendre librement sous la jupe ; c’est hideux ! Ajoutez à cette difformité volontaire de grosses bottes d’hommes, en cuir puant et gras, et une espèce de houppelande de peau de mouton, pareille à celle des pelisses de leurs maris, et vous vous ferez l’idée d’une créature souverainement désagréable ; malheureusement cette idée sera exacte. Pour comble de laideur, la fourrure des femmes est coupée d’une manière moins gracieuse que la petite redingote des hommes ; et — ceci tient sans doute à

  1. Voyez l’histoire de Telenef dans la Lettre dix-huitième.