Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 2, Amyot, 1846.djvu/381

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a complété à Schlusselbourg un travail aussi parfait dans son genre que le permettent les rigueurs de la nature sous ces climats ingrats.

La navigation intérieure de la Russie mérite d’occuper toute l’attention des hommes du métier ; c’est une des principales sources de la richesse du pays ; moyennant un système de canalisation colossale, comme tout ce qui s’exécute dans cet Empire, on est parvenu, depuis Pierre le Grand, à joindre, sans danger pour les bateaux, la mer Caspienne à la mer Baltique par le Volga, le lac Ladoga et la Néva. L’Europe et l’Asie sont ainsi traversées par des eaux qui joignent le Nord au Midi. Cette pensée, hardie à concevoir, prodigieuse à réaliser, a fini par produire une des merveilles du monde civilisé : c’est beau et bon à savoir, mais j’ai trouvé que c’était ennuyeux à voir, surtout sous la conduite d’un des exécuteurs du chef-d’œuvre ; l’homme du métier accorde à son ouvrage l’estime qu’il mérite sans doute, mais pour un simple curieux tel que moi, l’admiration reste étouffée sous des détails minutieux et dont je vous fais grâce. Nouvelle preuve de ce que je vous ai dit ailleurs : abandonné à soi-même, un voyageur en Russie ne voit rien : protégé, c’est-à-dire escorté, gardé à vue, il voit trop, ce qui revient au même.

Quand je crus avoir strictement accordé ce qui était dû de mon temps et de mes éloges aux mer-