Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 2, Amyot, 1846.djvu/386

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de toutes les ruses, de toutes les politesses et de tous les ennuis du jour. Jamais l’accès d’un palais de fées ne fut désiré plus vivement que je souhaitais l’entrée de ce cachot.

Enfin, quand le temps d’une visite raisonnable me parut écoulé, je demandai à mon guide s’il était possible de voir l’intérieur de la forteresse. Quelques mots, quelques coups d’œil furent rapidement échangés entre le commandant et l’ingénieur, et nous sortîmes de la chambre.

Je croyais toucher au terme de mes efforts ; la forteresse de Schlusselbourg n’a rien de pittoresque ; c’est une enceinte de murailles suédoises peu élevées et dont l’intérieur ressemble à une espèce de verger où l’on aurait dispersé divers bâtiments tous très bas ; savoir : une église, une habitation pour le commandant, une caserne, enfin des cachots invisibles et masqués par des tours dont la hauteur n’excède pas celle du rempart. Rien n’annonce la violence, le mystère est ici dans le fond des choses, il n’est pas dans leur apparence. L’aspect presque serein de cette prison d’État me semble plus effrayant pour la pensée que pour la vue. Les grilles, les ponts-levis, les créneaux, enfin l’appareil un peu théâtral qui décorait les redoutables châteaux du moyen âge ne se retrouvent point ici. En sortant du salon du gouverneur, on a commencé par me montrer de superbes ornements