Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 2, Amyot, 1846.djvu/39

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Le nouveau chambellan, qui recevait cette dure réprimande de la bouche même du maître, était malheureusement un pauvre gentilhomme polonais. La rigidité de l’Empereur ne se contenta pas de ce peu de mots : il fit appeler le grand chambellan, et lui recommanda d’être à l’avenir plus circonspect dans ses choix.

Cette scène rappelle ce qui se passait assez souvent à la cour de l’Empereur Napoléon. Les Russes achèteraient bien cher un passé de quelques siècles !

J’ai quitté le bal du palais Michel de fort bonne heure ; en sortant, je m’arrrêtai sur l’escalier, où j’aurais voulu demeurer : c’était un bois d’orangers en fleurs. Je n’ai rien vu de plus magnifique, de mieux ordonné que cette fête ; mais je ne connais rien de si fatigant que l’admiration prolongée, quand elle ne porte ni sur les phénomènes de la nature, ni sur les ouvrages de l’art.

Je vous quitte pour aller dîner chez un officier russe, le jeune comte de***, qui m’a mené ce matin au cabinet de minéralogie, le plus beau, je crois, de l’Europe ; car les mines de l’Oural sont d’une richesse incomparable. On ne peut rien voir seul ici ; une personne du pays est toujours avec vous pour vous

    blie jamais qu’il est chargé de tout enseigner lui-même à son peuple, et en même temps il est toujours préoccupé de la crainte qu’on ne vienne à lui manquer de respect.