Aller au contenu

Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 2, Amyot, 1846.djvu/394

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

telins ne me rappelaient que trop l’époque où nous vivons et que j’avais un peu oubliée en Russie où depuis mon arrivée à Pétersbourg, je vois uniquement la société des gens de la cour. J’étais chez des ambitieux subalternes, inquiets de ce qu’on doit penser d’eux ; et ces hommes-là sont les mêmes partout.

Les hommes ne me parlèrent pas et parurent faire peu d’attention à moi ; ils ne savent le français que pour le lire, encore difficilement : ils formaient un groupe dans un coin de la chambre et causaient en russe. Une ou deux femmes de la famille portaient tout le poids de la conversation française. Je vis avec surprise qu’elles connaissaient de notre littérature tout ce que la police russe en laisse pénétrer dans leur pays.

Les toilettes de ces dames, qui, excepté la maîtresse de la maison, étaient toutes des personnes âgées, me parut manquer d’élégance ; le costume des hommes était encore plus négligé : de grandes redingotes brunes traînant presque à terre remplaçaient l’habit national, qu’elles rappelaient un peu cependant, tout en le faisant regretter ; mais, ce qui m’a surpris plus que la tenue négligée des personnes de cette société, c’est le ton mordant et contrariant de leurs discours et le manque d’aménité de leur langage. La pensée russe, déguisée avec soin par le tact des hommes du grand