Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 2, Amyot, 1846.djvu/45

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

tion en gala. La salle, magnifiquement, éclairée m’a paru grande et d’une belle forme. On ne connaît ici ni galeries ni balcons ; il n’y a pas à Pétersbourg de bourgeoisie à placer pour gêner les architectes dans leur plan ; les salles de spectacle peuvent donc être bâties sur des dessins simples et réguliers comme les théâtres d’Italie, où les femmes qui ne sont pas du grand monde vont au parterre.

Par une faveur particulière j’avais obtenu pour cette représentation un fauteuil au premier rang du parterre. Les jours de gala, ces fauteuils sont réservés aux plus grands seigneurs, c’est-à-dire aux plus grandes charges de la cour ; nul n’y est admis qu’en uniforme, dans le costume de son grade et de sa place.

Mon voisin de droite, voyant à mon habit que j’étais étranger, m’adressa la parole en français avec la politesse hospitalière qui distingue à Pétersbourg les hommes des classes élevées, et, jusqu’à un certain point, les hommes de toutes les classes, car ici tous sont polis : les grands par vanité pour faire preuve de bonne éducation ; les petits par peur.

Après quelques mots de conversation insignifiante, je demandai à mon obligeant inconnu ce qu’on allait représenter : « C’est un ouvrage traduit du français, me répondit-il : le Diable boiteux, »

Je me creusais la tête inutilement pour savoir quel