Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 2, Amyot, 1846.djvu/46

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drame avait pu être traduit sous ce titre. Jugez de mon étonnement quand j’appris que la traduction était une pantomine calquée sur notre ballet du Diable boiteux.

Je n’ai pas beaucoup admiré le spectacle ; j’étais surtout occupé des spectateurs. La cour arriva enfin ; la loge Impériale est un brillant salon qui occupe le fond de la salle, et ce salon est encore plus éclairé que le reste du théâtre qui l’est beaucoup.

L’entrée de l’Empereur m’a paru imposante. Quand il approche du devant de sa loge, accompagné de l’Impératrice et suivi de leur famille et de la cour, le public se lève en masse. L’Empereur en grand uniforme d’un rouge éclatant est singulièrement beau. L’uniforme des cosaques ne va bien qu’aux hommes très-jeunes ; celui-ci sied mieux à un homme de l’âge de Sa Majesté ; il rehausse la noblesse de ses traits et de sa taille. Avant de s’asseoir, l’Empereur salue l’assemblée avec la dignité pleine de politesse qui le caractérise. L’Impératrice salue en même temps ; mais ce qui m’a paru un manque de respect envers le public, c’est que leur suite même salue. La salle tout entière rend aux deux souverains révérence pour révérence, et, de plus, les couvre d’applaudissements et de hourras.

Ces démonstrations exagérées avaient un caractère officiel qui diminuait beaucoup de leur prix. La belle