Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 2, Amyot, 1846.djvu/64

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— C’est un morceau unique dans le monde. Oui, Sire ; il y a bien des choses en Russie qu’on ne trouve point ailleurs.

— Vous me flattez.

— Sire, je respecte trop Votre Majesté pour oser la flatter, mais je ne la crains peut-être plus assez, et je lui dis ingénument ma pensée, même quand la vérité ressemble à un compliment.

— Ceci en est un très-délicat, Monsieur ; les étrangers nous gâtent.

— Sire, Votre Majesté a voulu que je fusse à mon aise avec elle, elle a réussi comme à tout ce qu’elle entreprend ; elle m’a corrigé, du moins pour un temps, de ma timidité naturelle. »

Forcé d’éviter toute allusion aux grands intérêts politiques du jour, je désirais ramener la conversation vers un sujet qui m’intéressait au moins autant : j’ajoutai donc : « Je reconnais, chaque fois qu’elle me permet de m’approcher d’elle, le pouvoir qui a fait tomber ses ennemis à ses pieds le jour de son avenement au trône.

— On a contre nous, dans votre pays, des préventions dont il est plus difficile de triompher que des passions d’une armée révoltée.

— Sire, on vous voit de trop loin, si Votre Majesté était plus connue, elle serait mieux appréciée, et elle trouverait chez nous comme ici beaucoup d’ad-