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Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 2, Amyot, 1846.djvu/82

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Duc à Florence une des plus belles choses du monde, ils n’étaient pas tyrannisés par la passion des lignes droites et des monuments symétriques ; ils concevaient le beau dans sa liberté, hors des carrés longs et des carrés parfaits. À Venise pas une place n’est symétriquement régulière. À défaut du sentiment de l’art et des libres créations de la fantaisie de la science de l’harmonie, une justesse de coup d’œil mathématique a présidé à la création de Pétersbourg. Aussi ne peut-on oublier un instant, en parcourant cette patrie des monuments sans génie, que c’est une ville née d’un homme et non d’un peuple. Les conceptions y paraissent étroites, quoique les dimensions y soient énormes. En voyant des efforts si prodigieux et des effets si mesquins on reconnaît que tout peut se commander, hors la grâce, sœur de l’imagination et fille de la liberté.

La principale rue de Pétersbourg est la Perspective Newski, l’une des trois avenues qui aboutissent au palais de l’Amirauté. Ces trois lignes, formant patte d’oie, divisent régulièrement en cinq parties la ville méridionale, qui prend la forme d’un éventail comme Versailles. Cette ville, en partie plus moderne que le port, créé près des îles par Pierre Ier, s’est étendue sur la rive gauche de la Néva, malgré la volonté de fer du fondateur ; cette fois la peur de l’inondation l’a emporté sur la peur de la désobéissance, et la tyran-