Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 2, Amyot, 1846.djvu/83

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nie de la nature a vaincu le despotisme de l’homme.

Cette Perspective Newski mérite de vous être décrite avec quelque détail. C’est une belle rue longue d’une lieue, large comme nos boulevards, et dans plusieurs parties de laquelle on a planté des arbres aussi malheureux que ceux de Paris ; elle sert de promenade et de rendez-vous à tous les désœuvrés de la ville. À la vérité, il y en a peu, car ici on ne remue guère pour remuer, chaque pas que chacun fait ayant son but indépendant du plaisir. Porter un ordre, faire sa cour, obéir à un maître quel qu’il soit, voilà ce qui met en mouvement la plus grande partie de la population de Pétersbourg et de l’Empire.

D’abominables cailloux en tête de chat servent de pavés à ce boulevard, appelé la Perspective. Mais ici du moins, ainsi que dans quelques autres des principales rues, on a incrusté au milieu des pierres des blocs de bois qui font glissoirs pour les roues des voitures ; ces belles voies au rez du pavé sont formées par une marqueterie en dés et quelquefois en octogones de sapins profondément encaissés. Elles consistent chacune en deux bandes larges de deux à trois pieds et séparées par une voie de cailloux ordinaires sur laquelle marche le limonier : deux de ces voies, c’est-à-dire quatre bandes de bois, longent la Perspective Newski, l’une à droite, l’autre à gauche de la rue, sans toucher aux maisons, dont elles sont