Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 2, Amyot, 1846.djvu/85

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protester contre la prétention des princes allemands, qui se flattent de policer foncièrement les nations slaves. Le caractère primitif de ces peuples, quelque défiguré qu’il soit par le joug qu’on lui impose, se fait jour au moins dans quelque coin de leurs villes de despotes et de leurs maisons d’esclaves ; et si même ils ont de ces choses qu’on appelle des villes et des maisons, ce n’est pas parce qu’ils les aiment ou qu’ils en sentent le besoin, c’est parce qu’on leur dit qu’il faut les avoir ou plutôt les subir pour marcher de front avec les vieilles races de l’Occident civilisé ; c’est surtout parce que, s’ils s’avisaient de discuter contre les hommes qui les conduisent et les instruisent militairement, ces hommes étant tout à la fois leurs caporaux et leurs pédagogues, on les renverrait à coups de fouet dans leur patrie d’Asie. Ces pauvres oiseaux exotiques, mis en cage par la civilisation européenne qu’ils ne peuvent s’empêcher de haïr ni de singer, sont les victimes de la manie ou, pour mieux dire, de l’ambition profondément calculée des Czars, conquérants du monde à venir, et qui savent bien qu’avant de nous subjuguer il faut nous imiter.

Une horde de Calmoucks qui campent sous des baraques autour d’un amas de temples antiques, une ville grecque improvisée pour des Tatares comme une décoration de théâtre, décoration magnifique, mais sans goût, préparée pour servir de cadre à un