Aller au contenu

Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 2, Amyot, 1846.djvu/87

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

sont enlevés, les communications sont pendant quelques jours interrompues entre les deux principales parties de la ville ; plusieurs quartiers restent isolés. On m’a conté la mort d’une personne considérable causée par l’impossibilité de faire venir son médecin durant ces jours désastreux. Alors les rues ressemblent à des lits de torrents furieux où l’inondation élève en passant ses barricades annuelles. Peu de crises politiques causeraient autant de dommages que cette révolte périodique de la nature contre une civilisation incomplète et impossible.

Depuis qu’on m’a décrit le dégel de Pétersbourg, je ne me plains plus du pavé, tout détestable qu’il est, car il est à refaire tous les ans. C’est un triomphe de volonté que de circuler onze mois en voiture dans une ville ainsi labourée par les zéphyrs du pôle.

Passé midi, la Perspective Newski, la grande place du palais, les quais, les ponts, sont traversés par une assez grande quantité de voitures de diverses sortes et de formes singulières ; ce mouvement égaie un peu la tristesse habituelle de cette ville, la plus monotone des capitales de l’Europe. C’est une résidence allemande sur une plus grande échelle.

L’intérieur des habitations est également triste, parce que, malgré la magnificence de l’ameublement, entassé à l’anglaise dans certaines pièces destinées à recevoir du monde, on entrevoit dans l’ombre une