Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 3, Amyot, 1846.djvu/34

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Les scènes du Volga continuent ; et l’on attribue ces horreurs aux provocations des émissaires polonais : imputation qui rappelle la justice du loup de la Fontaine. Ces cruautés, ces iniquités réciproques préludent aux convulsions du dénoûment et suffisent pour nous faire prévoir quelle en sera la nature. Mais dans une nation gouvernée comme l’est celle-ci, les passions bouillonnent longtemps avant d’éclater ; le péril a beau s’approcher d’heure en heure, le mal se prolonge, la crise se retarde ; nos petits-enfants ne verront peut-être pas l’explosion que nous pouvons cependant présager dès aujourd’hui comme inévitable, mais sans en prédire l’époque.


(Suite de la lettre précédente.)
Pétersbourg, ce 3 août 1839.

Je ne partirai jamais, le bon Dieu s’en mêle !… encore un retard !… mais celui-ci est légitime, vous ne me le reprocherez pas… J’allais monter en voiture ; un de mes amis insiste pour me voir : il entre. C’est une lettre qu’il veut me faire lire à l’instant même. Quelle lettre, bon Dieu !!… Elle est de la princesse Troubetzkoï, qui l’adresse à une personne de sa famille, chargée de la montrer à l’Empereur. Je désirais la copier pour l’imprimer sans y changer un mot, c’est ce qu’on n’a pas voulu me permettre.