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Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 4, Amyot, 1846.djvu/272

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ans, qu’il est d’une faible santé, ce qui redouble les craintes qu’on a pour lui ; qu’il avait déjà passé par Moscou l’année dernière, et que même il y avait séjourné avec un Russe de ses amis, lequel plus tard l’avait mené chez lui à la campagne : ce Russe est absent en ce moment, et le malheureux prisonnier n’a plus ici d’autre appui qu’un Français, nommé M. R***, dans la compagnie duquel il vient, dit-on, de faire un voyage à travers le nord de la Russie. Ce M. R*** loge dans la même auberge que le prisonnier. Son nom me frappa tout d’abord, parce que c’est celui de l’homme de bronze avec lequel j’avais dîné, peu de jours auparavant, chez le gouverneur de Nijni. Vous vous rappelez que sa physionomie m’avait donné beaucoup à penser. Retrouver ce personnage mêlé à l’événement de cette nuit me parut une circonstance romanesque ; à peine pouvais-je croire à tout ce qu’on me racontait. Je pensai que le récit d’Antonio était une invention faite à plaisir pour nous éprouver ; néanmoins, je me hâtai de me lever et d’aller m’informer moi-même auprès du garçon d’auberge de la vérité des faits, ainsi que de l’exactitude du nom de M. R***, dont je tenais avant tout à constater l’identité. Le garçon me répondit qu’ayant été chargé d’une commission pour un étranger qui devait quitter Moscou la nuit précédente, il s’était rendu dans l’auberge de Kopp au moment