Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 4, Amyot, 1846.djvu/273

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même où venait d’avoir lieu la descente de la police, et il ajouta que M. Kopp lui avait conté la chose dans des termes qui se rapportaient exactement au premier récit d’Antonio.

Dès que je fus habillé, je me rendis chez M. R***. Je trouvai effectivement que c’était bien mon homme de bronze de Nijni. Seulement, à Moscou l’homme de bronze n’était plus impassible ; je le trouvai levé ; il paraissait agité. Nous nous reconnûmes au premier abord, puis, lorsque je lui dis le motif de ma très matinale visite, il me parut embarrassé.

« Il est vrai que j’ai voyagé, me dit-il, avec M, Pernet, mais c’était par hasard ; nous nous sommes rencontrés à Archangel, de là nous avons fait route ensemble ; il est d’une chétive complexion, et sa faible santé m’a donné des inquiétudes pendant le voyage ; je lui ai rendu les services que l’humanité m’imposait, voilà tout ; je ne suis nullement de ses amis, je ne le connais pas.

— Je le connais encore moins, répliquai-je, mais nous sommes Français tous les trois, et nous nous devons réciproquement assistance dans un pays où notre liberté, notre vie peuvent être à chaque instant menacées par un pouvoir qu’on ne reconnaît qu’aux coups qu’il frappe.

— Peut-être M. Pernet, reprit M. R***, se sera-t-il attiré cette mauvaise affaire par quelque imprudence.