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Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 4, Amyot, 1846.djvu/305

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meux Brulow, j’ai remarqué des nuages si lourds qu’on pourrait les envoyer à l’Opéra pour représenter des rochers.

Il y a pourtant dans Pompéi des expressions de têtes qui promettent un vrai talent. Ce tableau, malgré les défauts de composition qu’on y découvre, gagnerait à être gravé ; car c’est surtout par la couleur qu’il pèche.

On dit que depuis son retour en Russie, l’auteur a déjà beaucoup perdu de son enthousiasme pour l’art. Que je le plains d’avoir vu l’Italie, puisqu’il devait revenir dans le Nord ! Il travaille peu, et malheureusement sa facilité, dont on lui fait un mérite, paraît trop dans ses ouvrages. C’est par des études assidues et forcées qu’il parviendrait à vaincre la roideur de son dessin, et la crudité de ses couleurs. Les grands peintres savent la peine qu’il se faut donner pour ne plus dessiner avec le pinceau, pour peindre par la dégradation des tons, pour effacer de dessus la toile les lignes qui n’existent nulle part dans la nature, pour montrer l’air qui est partout, pour cacher l’art, enfin pour apprendre à reproduire la réalité sans cesser de l’ennoblir. Il semble que le Raphaël russe ne se doute pas de la rude tâche de l’artiste.

On m’assure qu’il passe sa vie à s’enivrer plus qu’à travailler ; je le blâme moins que je ne le plains.