Aller au contenu

Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 4, Amyot, 1846.djvu/306

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Ici tous les moyens sont bons pour se réchauffer, même la boisson : le vin est le soleil de la Russie. Si l’on joint au malheur d’être Russe celui de se sentir peintre, il faut s’expatrier. N’est-ce pas un lieu d’exil pour les peintres qu’une ville où il fait nuit trois mois, et où la neige a plus d’éclat que le soleil ?

En s’appliquant à reproduire les singularités de la nature sous cette latitude, quelques peintres de genre pourraient se faire honneur et obtenir sur les marches du temple des arts une petite place où ils feraient bande à part ; mais un peintre d’histoire, s’il veut développer les dispositions qu’il a reçues du ciel, doit fuir un tel climat. Pierre le Grand avait beau dire et beau faire, la nature mettra toujours des bornes aux fantaisies de l’homme, fussent-elles justifiées par les ukases de vingt Czars.

J’ai vu de M. Brulow un ouvrage vraiment admirable : c’est sans contredit ce qu’il y a de mieux à Saint-Pétersbourg parmi les tableaux modernes ; à la vérité, c’est la copie d’un chef-d’œuvre assez ancien : de l’École d’Athènes. Elle est grande comme l’original au moins. Quand on sait reproduire ainsi ce que Raphaël a fait peut-être de plus inimitable après ses madones, on est obligé de retourner à Rome pour y apprendre à faire mieux que le Dernier jour de Pompéi et que l’Assomption de la Vierge[1].

  1. M. Brulow a copié d’une manière fort remarquable plusieurs