Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 4, Amyot, 1846.djvu/309

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ne sera pas longtemps contrainte à demander des artistes aux étrangers.

Au moment où j’allais quitter Saint-Pétersbourg, quelques personnes déploraient tout bas l’abolition des uniates[1], et racontaient les mesures arbitraires qui avaient amené de longue main cet acte irréligieux célébré comme un triomphe par l’Église russe. Les persécutions cachées qu’on a fait endurer à plusieurs prêtres des uniates révoltent les cœurs les plus indifférents ; mais dans un pays où les distances et le secret favorisent l’arbitraire et prêtent leur secours constant aux actes les plus tyranniques, toutes les violences restent couvertes. Ceci me rappelle le mot significatif trop souvent répété par les Russes privés de protecteurs : « Dieu est si haut ! l’Empereur est si loin[2] ! »

Voici donc les Grecs qui se mettent à faire des martyrs. Qu’est devenue la tolérance dont ils se vantaient devant les hommes qui ne connaissent pas l’Orient ? Aujourd’hui les glorieux confesseurs de la foi catholique languissent dans des couvents-prisons,

  1. Les uniates sont des Grecs réunis à l’Église catholique, et dès lors regardés comme des schismatiques par l’Église grecque.
  2. Voir le Livre des persécutions et souffrances de l’Église catholique en Russie, les beaux articles du Journal des Débats au mois d’octobre 1842, et les extraits ajoutés au récit. Ces extraits sont tirés d’un livre allemand traduit par M. le comte de Montalembert.