voyant que les autres rient en parlant, quoiqu’elle ne comprenne pas le sujet de leur conversation, elle rit avec eux. Au reste, elle est d’une forte constitution : seulement le scorbut a fait noircir ses dents, dont quelques-unes même sont gâtées.
« La sœur cadette, Élisabeth, a trente ans. En tombant du haut en bas d’un escalier de pierre, à l’âge de neuf ans, elle s’est blessée à la tête, et depuis ce temps-là, elle a souvent des maux de tête, particulièrement à l’époque des changements de température. Pour combattre ce mal, on lui a fait un cautère au bras droit. Elle est sujette aussi à de fréquentes attaques de maux d’estomac. Pour sa taille et ses traits, elle ressemble à sa mère. Elle surpasse de beaucoup ses frères et sa sœur en facilité d’élocution et en intelligence. Ils lui obéissent en tout ; le plus souvent, c’est elle qui parle et répond au nom de tous, et elle relève quelquefois leurs fautes de langage. En 1777, à la suite d’une fièvre et d’une maladie de femme elle fut quelques mois aliénée ; mais elle s’est rétablie, et à présent elle est en bonne santé. On ne peut s’apercevoir qu’il y ait en elle quelque chose d’extraordinaire ; sa prononciation et celle de ses frères fait reconnaître le lieu où ils sont nés et où ils ont été élevés.
« L’aîné des frères, Pierre, a trente-cinq ans. Dès son enfance, et par suite de négligence, il est devenu bossu par devant et par derrière ; mais cette difformité est presque imperceptible. Il a le côté droit un peu de travers, et une de ses jambes est torse. Il est très-simple d’esprit, timide et silencieux. Toutes ses idées, ainsi que celles de son frère, ne sont que des idées d’enfants ; son caractère est assez gai : il rit et même aux éclats lorsqu’il n’y a rien