Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 4, Amyot, 1846.djvu/442

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

de risible. De temps en temps il a des attaques hémorroïdales ; du reste, il est d’une bonne constitution ; cependant il est épouvanté, et même il s’évanouit lorsqu’on parle de sang. Il attribue cette crainte excessive à ce que sa mère, lorsqu’elle le portait dans son sein, s’effraya extraordinairement de ce qu’elle s’était coupée au doigt et voyait couler son sang.

« Le plus jeune des frères, Alexis, a trente-quatre ans. Avec la même simplicité d’esprit que son frère aîné, il semble cependant qu’il est un peu plus adroit, plus hardi et plus sérieux. Sa constitution est saine et son naturel assez gai. Les deux frères sont de petite taille, ils ont le teint clair et ressemblent à leur père.

« Les frères et les sœurs vivent entre eux en bonne intelligence ; aussi sont-ils doux et humains. Pendant les étés ils travaillent dans leur jardin, gardent les poules et les canards et leur donnent la nourriture ; en hiver ils glissent à qui mieux mieux sur l’étang qui se trouve dans le jardin. Ils lisent dans leurs livres de prières d’église, et jouent aux cartes et aux échecs. Outre cela, les deux filles s’occupent quelquefois à coudre ; c’est en cela que consistent toutes leurs occupations. »


V.

La supériorité qu’Élisabeth avait sur ses frères fit que Melgunof observa cette princesse avec plus d’attention, et qu’il entra plus souvent en conversation avec elle. Entre autres choses, elle dit à Melgunof qu’avant que son père fût devenu aveugle, il s’était souvent adressé ainsi qu’eux à l’Impératrice, mais que leurs requêtes avaient été renvoyées ; qu’ils n’osaient plus en adresser d’autres et craignaient d’avoir ir-