Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 4, Amyot, 1846.djvu/444

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nous, et à nous d’aller chez elles pour passer le temps, car nous nous ennuyons quelquefois. Nous prions aussi qu’on nous donne un tailleur qui puisse coudre pour nous des habits. Par la grâce de l’Impératrice, on nous envoie de Pétersbourg des cornettes, des coiffes et des toques, mais nous ne nous en servons pas, parce que ni nous ni nos servantes nous ne savons comment les ajuster et les porter. Faites-nous la grâce de nous envoyer un homme qui sache nous conseiller en cela. Le bain dans le jardin est trop près de nos appartements de bois ; nous craignons que le feu qu’on y allume ne nous incendie ; ordonnez qu’on le transporte plus loin. » À la fin elle supplia avec larmes d’augmenter les appointements des domestiques et des servantes, et de leur permettre la libre sortie de la maison comme on l’avait permis aux autres employés. Elle ajouta : « Si vous nous accordez cela, nous serons satisfaits, et nous n’élèverons plus aucune difficulté, nous ne désirerons rien de plus, et nous serons contents de rester dans la même situation toute notre vie, »

Melgunof conseilla à Élisabeth d’écrire une pétition à l’Impératrice et d’y expliquer tout ce qu’elle désirait ; mais elle n’y consentit pas. Elle écrivit seulement dans sa requête : « qu’elle portait à l’Impératrice une reconnaissance d’esclave pour sa grâce suprême, et surtout parce qu’elle les avait confiés au grand homme lieutenant de Sa Majesté Alexis Petrowitsch Melgunof, qu’elle osait déposer sa demande aux pieds de l’Impératrice, et qu’Alexis Petrowitsch l’informerait de ce que contenait la pétition. »

Le dernier jour du séjour de Melgunof chez les princes et princesses, comme il prenait congé d’eux, ils se mirent à pleurer ; en le reconduisant ils tombèrent à ses pieds, et la