Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 4, Amyot, 1846.djvu/50

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

préciée ; l’Italie, au contraire, n’a besoin que d’être regardée…

— Comment voulez-vous, s’écrie le Russe impatienté, que nous autres habitants de Pétersbourg et de Moscou, nous nous étonnions comme vous autres de l’architecture italienne ? N’en voyez-vous point les modèles à chaque pas que vous faites dans les moindres de nos villes ? »

Après cette explosion de vanité nationale, je me tus ; j’étais à Moscou, l’envie de rire me gagnait et il eût été dangereux de m’y livrer : il m’en coûta pour être prudent : encore une preuve de l’influence de ce gouvernement, même sur un étranger qui prétend à l’indépendance.

C’est absolument, pensais-je sans le dire, comme si vous ne vouliez pas regarder l’Apollon du Belvédère à Rome parce que vous en avez vu des plâtres ailleurs, ni les Loges de Raphaël parce qu’on aurait mis le Vatican en décoration sur le théâtre de l’Opéra. Ah ! l’influence des Mongols survit chez vous à leur domination !! Était-ce donc pour les imiter que vous les avez chassés ; on ne va pas loin dans les arts ni en général dans la civilisation par le dénigrement. Vous observez avec malveillance parce que le sens de la perfection vous manque. Tant que vous envierez vos modèles, vous ne les égalerez jamais. Votre Empire est immense, d’accord ; mais qu’y a-t-il là