Page:Cuvier - Recueil des éloges historiques vol 1.djvu/108

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aisément au rang de nos plus célèbres botanistes ; mais, comme son ami Bernard de Jussieu, il n'écrivit point. Lorsqu'on l'en pressait, il avait coutume de répondre que le temps employé à instruire les autres est perdu pour s'instruire soi-même ? il avait cependant une autre raison qu'il ne dissimulait point à ses amis, c'étaient les critiques injustes que ses premiers Mémoires avaient essuyées. Timide comme il le fut toujours, il s'affrayait de la moindre contradiction, et son silence n'a pu être balancé en faveur de sa réputation par tous les autres services qu'il a rendus à la botanique et à l'agriculture ; tant les hommes sont injustes dans la distribution de la gloire.

En effet, la première place dans leur mémoire est accordée à ceux qui ont détruit des hommes, la seconde à ceux qui les ont amusés ; à peine en reste-t-il une pour ceux qui les ont servis.

Et, pour ne point sortir de l'objet favori des soins de Lemonnier, tandis que, dans ce même pays où nos ancêtres se nourrissaient de glands et de châtaignes, les tables mêmes des gens de fortune médiocre se couvrent aujourd'hui de fruits succulents, de vins délicieux ; que leurs jardins se remplissent de fleurs éclatantes ou suaves, d'arbustes piquants par leur variété : rarement ceux qui jouissent de ces dons savent-ils les noms de ceux qui les leur ont procurés Cependant, la cerise, la pèche, l'abricot, la vigne nous ont été apportés des pays lointains par des agriculteurs ou par des hommes d'État. Ce n'est en tout genre qu'en forçant la nature que l'on a embelli la société. Les productions qui en-