Page:Cuvier - Recueil des éloges historiques vol 1.djvu/333

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saisissables quand les sens se refusaient à lui en présenter.

Ce besoin d'idées claires, presque sensibles, qui constitue le véritable esprit du cartésianisme, avait été soigneusement entretenu dans l'ancienne Académie des sciences, et Bonnet en avait été pénétré par sa correspondance avec Réaumur.

Nous allons donner une idée de ces écrits, non pas dans l'ordre où il les publia, mais dans celui où nous pouvons supposer qu'il les conçut ; aussi bien l'on reconnaît, en les lisant, qu'un principe unique a dû dominer dans la conception de tous, et que l'auteur en détacha les parties à mesure qu'il les jugea suffisamment parfaites pour être publiées.

Ces ouvrages n'appartiennent pas tous à nos études ordinaires ; mais ils appartiennent tous à l'homme que nous devons faire connaître ; et nous ne donnerions que des portraits tronqués, si nous ne tracions dans ses détails, et même dans ses détours, la marche des idées des hommes célèbres.

Dans la jeunesse de Bonnet on écrivait beaucoup sur la génération, et cette question dut l'occuper une des premières : il était impossible que l'homme qui avait vu neuf générations de pucerons se succéder sans mâles, ne fût pas, comme Malebranche, partisan de la préexistence des germes, et qu'il ne les plaçât pas dans les femelles.

Aussi ces Considérations sur les corps organisés[1]

  1. Amsterdam, 1762 et 1768, 2 vol. in-8°.