Page:Cuvier - Recueil des éloges historiques vol 1.djvu/447

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être pas eus dans leur patrie. C'est ainsi que les Bernoulli, les Bayer, les Euler, les Gmelin, les Müller, les Amman, les Lowitz, les Duvernoy, ont donné à l’Europe cette belle suite de travaux que l’on appelle les Mémoires de l’Académie de Pétersbourg, et qu’ils nous ont fait connaître sous tous ses rapports l'immense territoire de la Russie ; qu’ils l’ont fait connaître, on peut le dire, au gouvernement russe lui-même.

En effet, dès que les grand-ducs de Russie se furent emparés du trône et du titre de czars de Tartarie, leurs anciens suzerains, quelques aventuriers entreprenants se portèrent vers l'Orient : les plus avisés s’établirent dans les montagnes riches en minerais de tout genre, véritables limites entre l’Europe et l’Asie ; quelques autres attaquèrent le seul prince un peu puissant qui existât dans ces tristes contrées, et livrèrent ses États à leur czar. Une fois que les Russes eurent pris pied sur l’Irtisch et sur l’Ob, la recherche des pelleteries et celle des mines les attirèrent plus loin ; de proche en proche ils imposèrent quelques tributs aux peuplades errantes de ces vastes solitudes, et établirent ainsi en moins d’un siècle cette domination bizarre qui va toucher à l’Amérique, au Japon et à la Chine, et où quelques milliers de soldats suffisent pour garder 1500 lieues de pays.

Mais, pour jouir véritablement d’un pareil territoire, il fallait en connaître au juste la nature et les ressources, et, après l’avoir conquis, on se vit en quelque sorte obligé d’en commencer en règle la découverte.