Page:Cyrano de Bergerac - Œuvres, 1676, volume 1.djvu/102

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

matiere de viſage, nous ſommes de grands gueux ; & ſur ma foy de tous les biens de la Terre en general, je les voy plus riches que nous, puis que ſi le poil fait la principale diſtinction de la brute & du raiſonnable, les hommes ſont au moins par l’eſtomach, les jouës & le menton, plus beſtes que les femmes, malgré toutefois ces muettes, mais convaincantes prédications de Dieu & de la Nature ; Sans vous, Monſieur, ce deplorable Sexe alloit tomber ſous le nôtre ; Vous qui tout caduc, & preſt à choir de cette vie, avez relevé cent mille Dames qui n’avoient point d’appuy. Qu’elles ſe vantent aprés cela de vous avoir donné le jour, quand elles vous auroient enfanté plus douloureuſement que la Mere d’Hercule, elles vous devroient encore beaucoup à vous qui non content de les avoir enfanté toutes enſembles, les avez fait triompher en naiſſant. Une femme à la verité, vous a porté neuf mois, mais vous les avez toutes portées ſur la teſte de leurs ennemis. Pendant vingt ſiecles, elles avoient combattu, elles avoient vaincu pendant vingt autres ; & vous depuis quatre mois ſeulement, leur avez décerné le Triomphe : Oüy, Monſieur, chaque periode de voſtre Livre eſt un Char de Vic-