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Page:Cyrano de Bergerac - Œuvres, 1676, volume 1.djvu/103

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toire, où elles triomphent plus ſuperbement que les Scipions, ny les Ceſars n’ont jamais fait dans Rome. Vous avez fait de toute la Terre un Païs d’Amazones, & vous nous avez reduits à la Quenoüille : Enfin l’on peut dire qu’avant vous toutes les Femmes n’eſtoient que des Pions, que vous avez mis à Dames : Nous voyons cependant que vous nous trahiſſez, que vous tournez caſaque au genre maſculin, pour vous ranger de l’autre ; Mais comment vous punir de cette faute ? Comment ſe reſoudre à diffamer une perſonne qui a fait entrer nos Meres & nos Sœurs dans ſon party ; Et puis on ne ſçauroit vous accuſer de poltronnerie, vous eſtant rangé du coſté le plus foible, ny voſtre plume d’eſtre intereſſée ayant commencé l’Eloge des Dames en un âge où vous eſtes incapable d’en recevoir des faveurs : Confeſſez pourtant aprés les avoir fait triompher, & avoir triomphé de leur Triomphe meſme, que leur Sexe n’eût jamais vaincu ſans le ſecours du noſtre. Ce qui m’eſtonne à la verité, c’eſt que vous ne leur avez point mis en main pour nous détruire les armes ordinaires ; Vous n’avez point cloüé des Eſtoilles dans leurs yeux ; Vous n’avez point dreſſé des montagnes de neige à la place de