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Page:Cyrano de Bergerac - Œuvres, 1676, volume 1.djvu/125

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dans un homme ſi corrompu : Voſtre haleine ſeule ſuffit à faire croire que vous eſtes d’intelligence avec la mort, pour ne reſpirer que la peſte ; & les muſcadins ne ſçauroient empêcher que vous ne ſoyez par tout le monde en fort mauvaiſe odeur : Je ne m’irrite point contre cette putrefaction, c’eſt un crime de vos Peres ladres : Voſtre chair meſme n’eſt autre choſe que de la terre crevaſſée par le Soleil, & tellement fumée, que ſi tout ce qu’on y a ſemé avoit pris racine, vous auriez maintenant ſur les épaules un grand bois de haute fuſtaye ; aprés cela, je ne m’étonne plus de ce que vous prouvez qu’on ne vous a point encore connu ; Il s’en faut en effet plus de quatre pieds de crote, qu’on ne vous puiſſe voir : Vous eſtes enſevely ſous le fumier avec tant de grace, que s’il ne vous manquoit un pot caſſé pour vous gratter, vous ſeriez un Job accomply. Ma foy vous donnez un beau démenty à ces Philoſophes qui ſe mocquent de la Création. S’il s’en trouve encore, je ſouhaite qu’ils vous rencontrent ; car je ſuis aſſuré qu’après voſtre veuë, ils croiroit aiſément que l’homme peut avoir eſté fait de bouë. Ils vous prêcheront, & ſe ſerviront de vous-meſme, pour vous retirer de ce malheureux Atheïſ-