Aller au contenu

Page:Cyrano de Bergerac - Œuvres, 1676, volume 1.djvu/126

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

me où vous croupiſſez. Vous ſçavez que je ne parle point par cœur, & que je ne ſuis pas le ſeul qui vous a entendu prier Dieu, qu’il vous fit la grace de ne point croire en luy. Comment, petit Impie, Dieu n’oſeroit avoir laiſſé fermer une porte quand vous fuyez le bâton, qu’il ne ſoit par vous aneanty ; & vous ne commencez à le recroire, que pour avoir contre qui jurer, quand vos Dezeſcamotez répondent mal à voſtre avarice. J’avouë que voſtre ſort n’eſt pas de ceux qui puiſſent patiemment porter la perte, car vous eſtes gueux comme un Diogene, & à peine le Chaos entier ſuffiroit-il pour vous raſſaſier, c’eſt ce qui vous a obligé d’affronter tant de monde : Il n’y a plus moyen que vous trouviez pour marcher en cette Ville une ruë non creanciere, à moins que le Roy faſſe bâtir un Paris en l’air. L’autre jour au Conſeil de Guerre, on donna avis à Monſieur de Turenne de vous mettre dans un Mortier, pour vous faire ſauter comme une bombe dans Sainte Menehould, pour contraindre en moins de trois jours par la faim, les Habitans de ſe rendre. Je penſe, en verité, que ce ſtratagéme là reüſſiroit, puis que voſtre nez qui n’a pas l’uſage de raiſon ; ce pauvre nez, le repoſoir & le paradis des chiqueno-