Page:Cyrano de Bergerac - Œuvres, 1676, volume 1.djvu/127

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des, ſemble ne s’eſtre retrouſſé, que pour s’éloigner de voſtre bouche affamée : Vos dents ? Mais bons Dieux ! où m’embaraſſay-je, elles ſont plus à craindre que vos bras, leur chancre & leur longueur m’épouvante ; auſſi bien quelqu’un me reprocheroit que c’eſt trop berner un homme, qui dit m’eſtimer beaucoup : Donc, ô plaiſant petit Singe, ô Marionnette incarnée, cela ſeroit-il poſſible ; mais je voy que vous vous cabrez de ce glorieux ſobriquet ! Helas demandez ce que vous eſtes à tout le monde, & vous verrez ſi tout le monde ne dit pas que vous n’avez rien d’homme que la reſſemblance d’un Magot : Ce n’eſt pas pourtant, quoy que je vous compare à ce petit homme à quatre pattes, ny que je penſe que vous raiſonniez auſſi bien qu’un Singe : Non, non, méler gambade ; car quand je vous contemple ſi décharné, je m’imagine que vos nerfs ſont aſſez ſecs & aſſez preparez pour exciter, en vous remuant, ce bruit que vous appellez parole, c’eſt infailliblement ce qui eſt cauſe que vous jaſez & fretillez ſans intervalle : Mais puis que parler y a ; Apprenez-moy de grace, ſi vous parlez à force de remuer, ou ſi vous remuez à force de parler ; ce qui fait ſoupçonner que tout le tintamarre que