Page:Cyrano de Bergerac - Œuvres, 1676, volume 1.djvu/128

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vous faites ne vient pas de voſtre langue, c’eſt qu’une langue ſeule ne ſçauroit dire le quart de ce que vous dites, & que la plûpart de vos diſcours ſont tellement éloignez de la raiſon, qu’on void bien que vous parlez par un endroit qui n’eſt pas fort prés du cerveau ; Enfin, mon petit gentil godenot, il eſt vray que vous eſtes toute langue, que s’il n’y avoit point d’impiété d’adapter les choſes ſaintes aux prophanes, je croirois que S. Jean prophetiſoit de vous, quand il écrivit que la parole s’étoit fait chair ; En effet, s’il me falloit écrire autant que vous parlez, j’aurois beſoin de devenir plume ; mais puis que cela ne ſe peut, vous me permettrez de vous dire adieu ; Adieu donc, mon Camarade, ſans compliment, auſſi bien ſeriez vous trop mal obey, ſi j’eſtois

Voſtre Serviteur.


CONTRE
MONSIEUR DE V.

LETTRE VI.


MONSIEUR,

Tant de careſſes de la Fortune que