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Page:Cyrano de Bergerac - Œuvres, 1676, volume 1.djvu/130

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puis que vous parlez tout comme eux, & qu’à chaque moment vous vomiſſez & Caſſandre & Polexandre ſi crus, qu’on penſe voir dans voſtre bouche le papier deſſous les paroles. Les Critiques murmurent que le grand bruit dont vous éclatez n’eſt pas la marque d’un grand eſprit, que les vaiſſeaux vuides en excitent plus que ceux qui ſont pleins, & que peut-eſtre à cauſe du concave de voſtre cerveau remply de rien, voſtre bouche à l’exemple des cavernes, fait un écho mal diſtinct de tous les ſons qui la frappent ; mais quoy il ſe faut conſoler, celuy là eſt encore à naiſtre, qui a ſceu le moyen d’empêcher l’envie de mordre la vertu ; car je veux meſme, comme ils le diſent, que vous ne fuſſiez pas un grand Genie, vous eſtes toutefois un grand homme : Comment vous eſtes capable par voſtre ombre ſeule, de noircir un Jeu de Paulme tout entier ; perſonne n’entend parler de voſtre taille, qu’il ne croye qu’on faſſe l’hiſtoire d’un Cedre ou d’un Sapin ; & d’autres qui vous connoiſſent un peu plus particulierement, prouvant que vous n’avez rien d’homme que le ſon de la voix, aſſurent qu’ils ont appris par tradition que vous eſtes un Chêne tranſplanté de la Foreſt de Dodone : Ce n’eſt pas de mon