Page:Cyrano de Bergerac - Œuvres, 1676, volume 1.djvu/132

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large, que je crains quelquefois que voſtre teſte ne tombe dedans. En verité s’il eſtoit de la Foy de croire que vous fuſſiez homme, j’aurois un grand motif à ſoupçonner, qu’il a donc fallu mettre dans voſtre corps pour luy donner la vie, l’ame univerſelle du monde. Il faut en effet que vous ſoyez quelque choſe de bien ample, puis que toute la Communauté des Frippiers eſt occupée à vous veſtir, ou bien que ces gens-là qui cherchent le debit, ne pouvant amener toutes les ruës de Paris à la Halle, ayent chargé ſur vous leurs guenilles, afin de promener la Halle par tout Paris. Au reſte ce reproche ne vous doit point offencer, au contraire il vous eſt avantageux, il fait connoiſtre que vous eſtes une perſonne publique, puis que le public vous habille à ſes dépens, & puis aſſez d’autres choſes vous rendent conſiderable ; Je dis meſme ſans mettre en ligne de compte, que comme de l’épaiſſeur de la Vaſe du Nil, en ſuite de ſon débordement, les Egyptiens jugent de leur abondance, on peut ſupputer par l’épaiſſeur de noſtre embonpoint, le nombre des embraſſemens illegitimes qui ſe ſont faits en voſtre Fauxbourg : Et enfin, à propos d’arbre à qui je vous comparois tantoſt, on dit que vous en eſtes un ſi fertile,