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Page:Cyrano de Bergerac - Œuvres, 1676, volume 1.djvu/136

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qui a vie ſçait faire ſans Precepteur. Ô ! que n’a-t’il eſté connu d’Ariſtote, ce Philoſophe n’euſt pas définy l’Homme Animal raiſonnable. Ceux de la Secte d’Epicure, qui démontrent que les beſtes uſent de la raiſon, en doivent excepter celle-là encore, s’il eſtoit bien vray qu’il fût beſte ; Mais, helas ! dans l’ordre des eſtres animez, il eſt un peu plus qu’un Artichaut, & un peu moins qu’une Huiſtre à l’Eſcaille ; de ſorte que j’aurois crû, ſi ce n’eſtoit que vous le ſoupçonnez de ladrerie, qu’il eſt ce qu’on appelle la plante ſenſitive. Avoüez donc que vous avez tort de vous ennuyer de ſa vie ; il n’a pas encore vécu, il n’a que dormy, attendez au moins qu’il ait achevé un ſomme : Eſtes-vous aſſuré qu’on ne luy ait pas dit que le Sommeil & la Mort ſont freres, il fait peut-eſtre ſcrupule (ayant bonne conſcience) aprés avoir joüy de l’une, d’avoir affaire à l’autre. N’inferez-pas cependant, enſuite de cela, que je veüille prouver par cette enfilade, que le perſonnage dont il eſt queſtion ſoit un ſot homme, point du tout, il n’eſt rien moins qu’homme ; car outre qu’il nous reſſemble par le Bapteſme, c’eſt un privilege dont joüiſſent auſſi bien que luy les Cloches de ſa Paroiſſe. Je parlerois de