Page:Cyrano de Bergerac - Œuvres, 1676, volume 1.djvu/137

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cette vie juſqu’à la mort pour ſoulager voſtre ennuy ; mais le ſommeil commence de cauſer à ma main de ſi grandes foibleſſes, que ma teſte par compagnie tombe ſur mon oreille. Ah ! par ma foy, je ne ſçay plus ce que j’écris. Adieu, bonſoir,

MONSIEUR,
Voſtre Serviteur.


CONTRE
UN PILLEUR DE PENSÉES.

LETTRE VIII.


MONSIEUR,

Puis que noſtre Amy butine nos Penſées, c’eſt une marque qu’il nous eſtime, il ne les prendroit pas s’il ne les croyoit bonnes, & nous avons grand tort de nous eſtomaquer de ce que n’ayant point d’enfans, il adopte les noſtres ; Pour moy ce qui m’offence en mon particulier (car vous ſçavez que j’ay un eſprit vangeur de torts, & fort enclin à la juſtice diſtributive) c’eſt de voir qu’il attribuë à ſon ingrate imagination les bons ſervices que luy rend ſa memoire, & qu’il ſe diſe le pere