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Page:Cyrano de Bergerac - Œuvres, 1676, volume 1.djvu/138

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de mille hautes conceptions, dont il n’a eſté au plus que la Sage-Femme ; Allons, Monſieur, aprés cela nous vanter d’écrire mieux que luy, lors qu’il écrit tout comme nous, & tournons en ridicule qu’à ſon âge il ait encore un Eſcrivain chez luy, puis qu’il ne nous fait point en cela d’autre mal que de rendre nos œuvres plus liſibles ; Nous devrions, au contraire, recevoir avec reſpect tant de ſages avertiſſemens moraux, dont il tâche de reprimer les emportemens de noſtre jeuneſſe ; Oüy, certes, nous devrions y ajoûter plus de foy, & n’en douter non plus que de l’Evangile ; car tout le monde ſçait que ce ne ſont pas des choſes qu’il ait inventées. À la verité d’avoir un Amy de la ſorte, c’eſt entretenir une Imprimerie à bon marché ; Pour moy je m’imagine, en dépit de tous ſes grands Manuſcrits, que ſi quelque jour aprés ſa mort, on inventorie le Cabinet de ſes Livres, c’eſt à dire de ceux qui ſont ſortis de ſon Genie, tous ſes ouvrages enſemble, oſtant ce qui n’eſt pas de luy, compoſeront une Bibliotheque de papier blanc. Il ne laiſſe pas de vouloir s’attribuer les dépoüilles des morts, & de croire inventer ce dont il ſe ſouvient ; mais de cette façon il prouve mal la noble extraction de ſes penſées, de