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Page:Cyrano de Bergerac - Œuvres, 1676, volume 1.djvu/50

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d’Apollon, ſe precipitent dans ce Fleuve la teſte en bas ? Ou n’eſt-ce point qu’Apollon luy-meſme offenſé qu’elles ayent oſé proteger contre luy la fraîcheur, les ait ainſi penduës par les pieds ? Aujourd’huy le poiſſon ſe promene dans les bois, & des foreſts entieres ſont au milieu des eaux ſans ſe moüiller ; un vieil Orme entr’autres vous feroit rire, qui s’eſt quaſi couché juſques deſſus l’autre bord, afin que ſon image prenant la meſme poſture il fit de ſon corps & de ſon portrait un hameçon pour la pêche : l’onde n’eſt pas ingrate de la viſite que ces Saules luy rendent, elle a percé l’Univers à jour, de peur que le vaſe de ſon lit ne ſoüillât leurs rameaux, & non contente d’avoir formé du criſtal avec de la bourbe, elle a vouté des Cieux & des Aſtres par deſſous, afin qu’on ne puſt dire que ceux qui l’eſtoient venus voir, euſſent perdu le jour qu’ils avoient quitté pour elle. Maintenant nous pouvons baiſſer les yeux au Ciel, & par elle le Jour ſe peut vanter que tout foible qu’il eſt à quatre heures du matin, il a pourtant la force de precipiter le Ciel dans des abyſmes : mais admirez l’empire que la baſſe region de l’ame exerce ſur la haute ; après avoir découvert que tout ce miracle n’eſt qu’une impoſture des