Page:Cyrano de Bergerac - Œuvres, 1676, volume 1.djvu/55

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qu’elle chemine, & s’il n’eſtoit plus probable de penſer que c’eſt une pique allumée dont la flâme eſt verte : ainſi je force le Cyprés, cét Arbre fatal qui ne ſe plaiſt qu’à l’ombre des Tombeaux, de repreſenter du feu, car c’eſt bien la raiſon qu’il ſoit au moins une fois de bon préſage, & que par luy, je me ſouvienne tous les jours, quand je le verray, qu’il a eſté cauſe en me fourniſſant matiere d’une Lettre, que j’ay eu l’honneur de me dire, pour finir,

MONSIEUR,
Voſtre Serviteur.


DESCRIPTION
D’UNE TEMPESTE.


LETTRE IX.


MONSIEUR,

Quoy que je ſois icy couché fort mollement, je n’y ſuis pas fort à mon aiſe ; plus on me berce, moins je dors : Tout au tour de nous les Coſtes gemiſſent du choc de la tourmente ; la Mer blanchit de courroux ; le vent ſifle contre nos cables ; l’eau ſeringue du Sel ſur noſtre Tillac, & cepen-